La thérapie de l'écoute intervient efficacement dans l’apaisement du trouble déficitaire de l'attention (TDA) sans ou avec hyperactivité (TDAH) et facilite la concentration. D’abord, il est à considérer que ces troubles ne sont liés, ni à la capacité intellectuelle, ni au déficit auditif ! C’est bien la capacité d’écoute qui est concernée ici. L’attention est en fait la capacité de rester à l’écoute pendant un temps suffisamment long ; c'est "l'écoute dans le temps". La concentration, quant à elle, c'est la capacité d'éliminer l'information non pertinente afin de laisser le temp et l’espace intérieur à l’intégration des informations pertinentes
L'Audio-Psycho-Phonologie tient en évidence qu’une personne hyperactive est une personne privée de la capacité d’orienter son écoute, de se concentrer, d’analyser les sons et de les différencier lorsqu'elle se trouve confrontée à des sons de natures différentes.
Comment cela s’explique-t-il ?
Mon collègue et ami F. Huchting nous en donne une image tres parlante . L'oreille dans sa structure intègre deux parties: une, cochléaire, qui se focalise sur les sons et l’autre, vestibulaire qui permet le cadrage de l’objet ciblé. Pour prendre une photo, vous devez en tout premier lieu centrer l’objet de votre intérêt dans le cadre de l’objectif et ensuite faire la mise au point. Pour les enfants et adolescents considérés comme hyperactifs et/ou ayant un déficit d'attention, c’est comme si, en bateau, ils tentaient de cadrer et de mettre au point l’image dans leur « appareil photo » sur une mer agitée!
Un travail fastidieux, peu efficace et énergivore
Par conséquent, ayant une lecture déformée de « l’objet », ils doivent faire un travail extrêmement pénible pour le décoder, l’analyser et le comprendre. Ils se fatiguent facilement et ne peuvent écouter que quelques instants. Ils ont tendance à se démotiver parce que, malgré leurs efforts soutenus et répétés, ils ne peuvent y arriver et ils se découragent de plus en plus. Comme si ce n’était pas suffisant, ils souffrent en plus du sentiment de décevoir leurs parents et s’imaginent perdre un jour leur amour, au tout le moins, l’estime qu’ils leur accordent. De cette façon, ils ne trouvent pas d'autre solution que de mettre en place des comportements de défense brusques, agressifs ou menaçants comme stratégies pour éviter une frustration à laquelle ils sont contraints de faire face quotidiennement.
La dynamo ne produit pas de courant !
Les sons "entendus" par l'oreille sont la principale source d'énergie du cerveau. Ils rechargent le cortex en "énergie de travail" comme le ferait la dynamo du vélo. Les enfants souffrant de TDA ou de TDAH entendent des sons comme s'ils n'étaient qu'un seul bloc de bruit et, ainsi « bombardés » de sons, ils peuvent devenir hypersensibles ou "fermés". Cette fermeture les prive de l'énergie dont ils ont besoin pour rester éveillés. La seule autre source d'"énergie de travail" qu'ils peuvent recruter est celle qui provient de la partie vestibulaire de l'oreille, c'est-à-dire du mouvement.
En classe, l'enfant sera incapable de se concentrer sur ce que l'enseignant dit, alors qu’en tête à tête il y parviendra un peu mieux. C’est pour cette raison, lorsque que des petites classes conviennent mieux à ces enfants, ils sont capables de mieux se concentrer et d'améliorer leur scolarité, mais ils doivent malgré tout travailler plus que leurs camarades de classe.
Au travail !
Notre thérapie de l'écoute entraîne les muscles de l'oreille moyenne à l'aide d'un appareil appelé l'oreille électronique (APPEAR ), ce qui les force à fonctionner correctement. Ceci est obtenu en écoutant la musique de Mozart et des chants grégoriens qui, passés par l'oreille électronique (APPEAR), produisent la contraction des muscles de l'oreille moyenne pour percevoir les fréquences les plus élevées et leur relâchement quand ils perçoivent les sons graves. Ces muscles sont ainsi "entraînés". Cela permet à l'oreille de se focaliser sur des sons spécifiques et de reléguer d'autres sons distrayants à l'arrière-plan acoustique. L'oreille redevient disponible pour l'écoute.
L’écoute vivante systémique agit également au niveau des blocages émotionnels qui peuvent empêcher l'écoute. Les enfants hyperactifs présentent souvent une maturité émotionnelle comparable à celle des enfants plus jeunes. Leur âge émotionnel est souvent lié à l'âge auquel il est possible d'identifier dans leur histoire un traumatisme émotionnel. A chaque stimulus émotionnellement pertinent, ils sont constamment ramenés à la souffrance initiale. Ils mettent donc en place des comportements défensifs inconscients qui les empêchent de s'écouter et d'écouter les autres, ce qui leur rend plus difficile de vivre une vie pleine et sereine.
Ce qui différencie fondamentalement la capacité d’écoute d’enfants dans cette situation peut être illustré par la situation d'une personne se rendant à une conférence : si elle est détendue et heureuse, elle est capable d'écouter attentivement et d'intégrer avec plaisir ce qui est dit. Cependant, si la même personne a eu un grave différend avant de se rendre à la conférence, bouleversée émotionnellement, il lui sera impossible de s'attarder sur les paroles de l'orateur absorbée dans son conflit intérieur. C'est la situation dans laquelle se trouvent normalement les enfants qui souffrent de TDA ou de TDAH.
Les cycles de thérapie selon la méthode Tomatis ouvrent l'oreille à l'écoute et la ramènent, dans un premier temps, à la situation originelle, au moment même où la capacité d'écouter s'est formée dans le ventre de votre mère, c'est-à-dire avant toute possibilité de distraction. Les sourires des enfants à nouveau capables d'écouter, de ne plus travailler si durement pour l'école, sont la démonstration la plus gratifiante de la justesse de l'intuition du Dr Tomatis.
En pratique, la thérapie de l'écoute consiste à écouter de la musique modifiée par l'oreille électronique au moyen d'écouteurs, capables de réintégrer les hautes fréquences dans l'écoute et de stimuler l'ensemble du système auditif. De cette façon, le fonctionnement de l'oreille est réhabilité et la transmission auditive au cerveau est réorganisée. Elle augmente également la vitesse de traitement et le discernement en intégrant le cortex préfrontal à d'autres centres du cerveau.
En stimulant le lobe frontal, elle peut restaurer la capacité de l'enfant à penser rapidement et à se maîtriser avant d'agir; restaurer la capacité d'écoute ou le processus de réception auditive, afin que l'enfant puisse apprendre à se concentrer sur les sons désirés et à conduire les sons directement au centre du langage au niveau de l'hémisphère cérébral gauche; ce dernier processus réduit le stress et la tension dans le système nerveux entier et lui permet de gérer le stimulus choisi plutôt que de constamment être distrait par un son périphérique. La thérapie entraîne également l'oreille droite à devenir dominante. La recherche scientifique montre que les personnes qui montrent un écoute dominante droite sont moins sensibles à l'anxiété, à la tension, à la frustration et aux comportements agressifs.
En résumé, la thérapie par l'écoute permet d'obtenir des résultats encourageants chez les enfants atteints de TDA/TDAH : Le premier changement que l'on peut constater est une réduction marquée du niveau d'activité (dans le cas des enfants hyperactifs) alors que les enfants lassifs deviendront plus énergiques.
Parce que la discrimination auditive s’est améliorée, la mémoire et la concentration s’améliorent de sorte que l'apprentissage peut être réalisé avec une plus grande satisfaction et moins de fatigue.
Les problèmes de sommeil et d'appétit sont résolus car l'ensemble du système se régule et s'apaise et devient moins imprévisible.
Les difficultés de comportement, telles que l'impulsivité et l'agressivité, sont atténuées à un niveau gérable.
L'enfant devient peu à peu capable de prêter attention en classe, de comprendre et de suivre les instructions et retrouve sa motivation à communiquer et à apprendre.
Recherches
http://aura.antioch.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1044&context=etds
Etude sur l’impact de la méthode Tomatis sur les enfants souffrants de thada (trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention)
Notre Collègue à Seattle , Liliana Sacarin (2013) a effectué une recherche sur 25 enfants âgés de 7 à 13 ans ayant un diagnostic de trouble du déficit d’attention. Son but était d’explorer les effets de la première phase du programme d’entraînement de l’écoute de la méthode Tomatis en comparaison avec un groupe contrôle d’enfants médiqués ne bénéficiant pas de l’entraînement.
Abstract
Cette étude a examiné les premiers effets de la méthode Tomatis, en émettant l'hypothèse d'une amélioration de la vitesse de traitement, de la conscience phonologique, de l'efficacité de la lecture, de l'attention, du comportement et de la physiologie du cerveau à la fin de la phase 1 de la méthode Tomatis. Cette étude a documenté les effets de la première phase de la méthode Tomatis sur les enfants de 7 à 13 ans atteints de TDA. Sur les 25 participants, 15 ont reçu uniquement le traitement Tomatis tandis que 10 ont servi de témoins et ont été stabilisés sous traitement de TDA trois mois avant et pendant l'étude. Par conséquent, cette étude de recherche a comparé Tomatis à une intervention non-Tomatis, et non à un traitement médicamenteux ADD avec une intervention Tomatis. Le groupe Tomatis a suivi 15 séances consécutives de 2 heures ; les participants n'ont reçu aucun exercice vestibulaire ou visuel-moteur supplémentaire pendant toute la durée de la recherche. Les résultats ont révélé des améliorations statistiquement significatives pour le groupe Tomatis par rapport au groupe non-Tomatis : le groupe expérimental a montré une amélioration significative de la vitesse de traitement, de la conscience phonologique, de l'efficacité du décodage phonémique en lecture, du comportement et de l'attention auditive. Une augmentation statistiquement significative de la lenteur de l'activité cérébrale aux sites d'enregistrement centraux et pariétals médians du groupe Tomatis a été observée en comparant les rapports thêta/bêta avant et après traitement dans chaque groupe. Pris isolément, ces résultats sont paradoxaux car ils ne concordent pas avec les gains documentés. Les valeurs de fréquence alpha de crête et les rapports thêta/bêta z-score des GEEQ avant et après pour chaque participant du groupe Tomatis ont été explorés plus avant. L'augmentation paradoxale des rapports thêta/bêta obtenus à partir des valeurs brutes individuelles n'a pas été observée dans la même mesure avec les scores z. Les z-scores suggèrent que le ratio thêta/bêta, bien qu'il soit plus élevé pour le groupe Tomatis après la formation, reste dans la fourchette moyenne pour tous les participants. L'analyse individuelle a montré que les changements observés se situaient toujours dans les valeurs normales, ce qui peut expliquer les gains comportementaux. En conclusion, les améliorations significatives observées au niveau de la cognition, de l'attention et du comportement suggèrent fortement que la méthode Tomatis a des effets positifs chez les enfants avec TDA. Ces changements précoces de la physiologie du cerveau nécessitent d'autres recherches. Cette thèse est accompagnée d'un fichier de rapports complémentaires qEEG au format PDF. La version électronique de ce mémoire est disponible auprès du OhioLink ETD Center, www.ohiolink.edu/etd
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